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Xabi
Xabi

Entre un match de rugby de l'Aviron et quelques tapas sur les bords de Nive, Xabi vous glissera surement quelques bonnes adresses à ne pas rater !

Moi l’Echauguette

Vous ne me connaissez pas encore, mais vous ne serez pas déçus par mon histoire. Je m’appelle l’Echauguette et de tous les monuments de Bayonne, je suis peut-être celui dont la vie a été la plus trépidante et la plus mouvementée. Lisez plutôt !

Je suis née il y a bien longtemps, à une époque où Bayonne était une ville militaire stratégique. Mon père est le prestigieux maréchal de Vauban, ingénieur et directeur des fortifications du roi Louis XIV. Sur ordre royal, il vint à Bayonne en 1680 pour renforcer la place forte et aménager le site sur lequel je me trouve en un bastion défensif, qu’on appela le bastion du Réduit. Il y fit construire un corps de garde, une caserne et deux portes monumentales prénommées France et Réduit.

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Quant à moi, dès ma naissance, mon père me confia aux deux rivières traversant la ville. Avant de quitter Bayonne, il s’adressa à moi en ces termes : « tu es une échauguette. Je t’ai placé là, à la pointe du confluent de l’Adour et de la Nive. Ton rôle pour les siècles à venir sera de surveiller l’entrée de la ville par l’Océan, et le pont de bois qui te fait face et mène au faubourg de Saint-Esprit. Pour t’y aider, j’ai placé à tes côtés, près du pont Mayou, une autre guérite de pierre. A vous deux, vous serez les sentinelles de la ville ».
Pendant des années, j’ai rempli ma mission et j’ai vu défiler dans les flots de l’Adour les navires de guerre, les corsaires, mais aussi les bateaux de commerce, grands et petits, qui descendaient ou remontaient le fleuve chargés de marchandises.

Jusqu’à ce jour maudit de 1907 où le bruit caressant des flots qui me berçaient depuis des siècles fut remplacé par celui des pelles et des pioches abattant autour de moi mes compagnons de toujours. En quelques semaines, les portes de France et du Réduit, les bastions et courtines, ma sœur jumelle l’échauguette du pont Mayou disparurent sous mes yeux, me laissant désormais seule face à l’Adour.
Imaginez mon désarroi et ma tristesse…

Vous pensez qu’il ne pouvait rien m’arriver de plus grave… Et bien détrompez-vous ! Le jour le plus fatal pour moi fut celui du 12 février 1937, jour terrible où malgré tous mes efforts pour survivre, je tombai dans les flots de l’Adour qui m’engloutirent à tout jamais ! Quelle triste fin pour la pauvre échauguette qui vit défiler, depuis le 17ème siècle, toute la vie des Bayonnais !

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Mais alors, pourquoi suis-je encore là à vous parler ? Précisément grâce à ces Bayonnais qui jamais, n’ont accepté ma chute et ma disparition. L’échauguette, dernier vestige du bastion du Réduit disparu, devait, elle, revivre. Et c’est ainsi qu’un soir de décembre de l’année 2006, je revins à la vie, après plusieurs années de reconstruction minutieuse confiée aux mains les plus expertes.
Désormais, dans mes nouveaux habits, je continue à contempler l’Adour et je suis devenue pour tous le symbole d’un patrimoine bayonnais mêlant harmonieusement histoire, passé, protection et restauration.

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